Quelques mois se sont écoulés depuis l’épidémie du virus en Europe et nous nous sommes habitués à réduire nos libertés ; les usines ont dû faire face à des fermetures importantes ou à une baisse significative de leurs commandes.
Plusieurs scénarios sont envisageables pour les mois à venir : un retour à la normale suite à une baisse significative et permanente de la contagion et un retour de la confiance des consommateurs, ou bien d’autres vagues de propagation de la contagion avec le risque de fermeture partielle de certains marchés pour réduire le nombre de cas. Nous sommes donc dans l’incertitude, ce qui rend difficile l’anticipation des différents scénarios futurs possibles.
Cette situation aura également des impacts profonds selon le secteur d’activité : certaines entreprises subiront une baisse persistante de la demande, d’autres seulement temporaire, tandis que d’autres ont pu profiter de cette nouvelle réalité pour augmenter leur chiffre d’affaires.
Il y a cependant un mot clé qui sera toujours présent dans les prochains mois : l’agilité. Les chaînes d’approvisionnement généralement complexes impliquent différents acteurs et un dynamisme élevé tant du côté de la distribution que de l’offre.
Voici quelques lignes directrices à garder à l’esprit pour faire face à cette situation :
Volatilité de la demande
La logique classique ne s’appliquera pas à la volatilité de la demande dans les prochains mois et, en fonction de l’évolution du virus et du marché, la demande sera très variable. Il est important d’accepter cette variabilité et de se concentrer sur la capacité d’adapter la chaîne d’approvisionnement en fonction des changements et des éléments que vous pouvez contrôler. Devenir agile, c’est organiser votre entreprise pour pouvoir intercepter les changements dans le temps et augmenter la réactivité de l’ensemble de la supply chain.
Bon produit – bon endroit – au bon moment.
Le profilage des clients, la création de différentes gammes de services et la priorisation de la logique d’allocation vous permettent de privilégier les clients qui, pour le chiffre d’affaires, les paiements ponctuels ou la marge, apportent le plus d’avantages à votre entreprise. Les entreprises peuvent accroître leur flexibilité en découplant complètement la chaîne d’approvisionnement et la chaîne de distribution, en déplaçant la phase d’allocation des marchandises vers les différents canaux et / ou marchés le plus tard possible. Cette première étape doit être alignée sur un processus d’allocation plus dynamique et simulatif : simuler de manière proactive la résolution de problèmes et donc intervenir plus tôt. Le processus d’allocation doit donc tenir compte non seulement des stocks, mais aussi de ceux déjà alloués et des futures contributions de produits.
Nouveaux modèles de gestion des stocks
Dans la mesure du possible, les centres de distribution doivent devenir des entrepôts capacitifs pour absorber les variations de dernière minute. Dans le commerce de détail, les magasins physiques deviendront de plus en plus des centres logistiques eux-mêmes, capables de répondre à la demande provenant de différents canaux. Améliorer l’adaptabilité de la planification des stocks (dimensionnement, paramètres, simulations et tendances) aux changements de la demande et éviter les risques de rupture de stock ou de surstock peut être un levier important. Cela doit être poursuivi en appliquant différents modèles et politiques de gestion des stocks en fonction des groupes de produits et de leur segmentation, en garantissant une flexibilité si les commandes des clients sont anticipées ou retardées.
Planification agile
Les entreprises ont besoin d’outils dynamiques qui leur permettent de se replanifier souvent, en bénéficiant de scénarios de simulation hypothétique. Le processus de planification à capacité finie devient quotidien, ce qui permet de gérer les problèmes critiques avec des analyses et des décisions constantes. La résolution de l’impossibilité capacitive est obtenue grâce à l’utilisation de la capacité, des leviers temporels et de la répartition des besoins quotidiens. Des exemples significatifs d’agilité sont la capacité à adapter les horaires de travail, l’utilisation d’autres installations / ressources basées sur des analyses coûts / avantages, l’avance maximale possible pour protéger les contraintes de valeur d’inventaire ou le délai maximum pour protéger les contraintes de niveau de service cible.
Structurer la collaboration :
structurer un processus d’entreprise prospère signifie la collaboration de différentes fonctions de l’entreprise, en intégrant des données provenant de différentes sources / systèmes et en leur fournissant des informations utiles pour soutenir le processus décisionnel basé sur des KPI, des alarmes et des événements à fort impact. La collaboration à distance est actuellement d’actualité et ne peut se réduire à l’utilisation d’outils pour les réunions en ligne. Le véritable défi est de structurer les processus qui permettent la diffusion d’informations utiles à la prise de décision dans une perspective « juste à temps, juste assez », dépassant les limites liées aux technologies de collaboration classiques comme le téléphone / email.
Intégration des fournisseurs dans le processus :
‘implication de fournisseurs et de matières premières critiques avec de longs délais de livraison aide l’ensemble de la chaîne de valeur à être plus réactif. Au-delà des plans d’achat, il est fondamental d’avoir une approche collaborative avec les fournisseurs, en synchronisant votre plan de production avec la capacité et toute autre contrainte critique préalablement vérifiée. Cela permet d’améliorer le processus de réorganisation : le service des achats est en mesure de visualiser les besoins non satisfaits avec un délai approprié et d’émettre de nouvelles commandes dans les bonnes quantités et uniquement au bon moment. Enfin, des rappels ciblés ne doivent être envoyés que lorsque des problèmes critiques réels sont mis en évidence, permettant aux fournisseurs de concentrer leur attention et leur priorité sur des cas spécifiques et de s’adapter au nouveau contexte.
Impliquer la direction générale :
une entreprise ne peut vraiment devenir agile et réactive que lorsque la direction générale est impliquée. La volonté de changement doit être partagée avec différentes fonctions, chacun peut apporter de la valeur. Si les achats, la logistique, la production et la force de vente ne partagent pas cette philosophie, la chaîne ne sera jamais fluide et une entreprise aura des difficultés à évoluer, perdant des leviers de compétitivité importants sur le marché.